26 avr. 2021 | Dernière mise à jour : 28 avr. 2021

Devenir monitrice de portage, peut-on en vivre ?

Bienvenue sur ce premier post d’une petite série dédiée aux personnes qui souhaitent ou envisagent de se former pour devenir moniteur·rice de portage. Je décide d’entrer directement dans le vif du sujet avec la première question que vous me posez, ou du moins celle dont la réponse retient tout particulièrement votre attention : « peut-on vivre de son activité de moniteur·rice de portage ? »

Et bien la réponse est non dans la très grande majorité des cas. Ce n’est pas forcément la réponse que vous attendiez, encore moins en début d’article. Je n’aime pas faire la rabat-joie, mais je pense qu’il est important d’en avoir conscience d’entrée de jeu. Pour celles et ceux qui sont encore motivés, la suite de l’article est faite pour vous !

Zoom sur la micro-entreprise

Le plus souvent, les moniteur·rice·s fraichement formé·e·s qui souhaitent vivre de cette activité se lancent en micro-entreprise, les autres choisiront la forme associative (nous laisserons cette dernière de côté). Quasiment tout le monde peut choisir cette forme juridique, y compris les salariés et les fonctionnaires (parfois sous conditions). Vous trouverez toutes les informations officielles sur le site de l’état : www.autoentrepreneur.urssaf.fr.

La micro-entreprise est une entreprise individuelle avec un régime fiscal allégé dont les démarches sont simplifiées pour la création et la gestion de l’entreprise.

Le principe est plutôt simple : on ne paye des charges sociales (cotisation d’assurance maladie, d’allocation familiale, de retraite, d’invalidité/décès…), que si on réalise du chiffre d’affaires (CA) ; grosso modo : tu fais zéro, tu paies zéro. En réalité ce n’est pas aussi simple que ça car il y a toujours des petites choses à payer comme la CFE (cotisation foncière des entreprises) par exemple… Bref je m’égare !

En micro-entreprise on est affranchi en base de TVA, c’est à dire qu’on ne facture pas la TVA aux clients (et on ne la récupère pas non plus sur nos achats), la comptabilité s’en trouve simplifiée, il suffit de comptabiliser les dépenses et recettes sur un support dédié.

Un autre point important à souligner, avec une micro-entreprise on ne peut déduire aucune charge, ainsi, pour les entreprises qui ont de lourdes charges fixes (local, salarié, gros achats de matériels), cette forme juridique n’est pas adaptée.

Pour les entrepreneurs qui sont sous le régime de la micro-entreprise, l’Etat opère un abattement fiscal de 34% sur le chiffre d’affaire en prestation de service libéral (le cas qui nous intéresse ici). Par exemple si je fais 10 000 € de chiffre d’affaires en 2021, l’Etat va considérer que j’ai gagné 6 600 €, je serai donc imposable sur ces 6 600 €.

Et pour finir, le micro-entrepreneur devra s’acquitter des cotisations sociales à hauteur de 22% de son chiffre d’affaires (en prestation de service). Certains chanceux pourront bénéficier d’une aide à la création d’entreprise permettant d’être exonérés de ces cotisations sur 1 an, l’Accre. Mais je vous encourage à inclure ce taux dans vos calculs dès le départ car cette aide n’est pas éternelle (oups)


Si j’applique à mon activité de moniteur·rice de portage, ça donne quoi ?

Concrètement, si je veux vivre de cette activité, c’est à dire m’en dégager un SMIC soit 1230 €/mois je dois réaliser au moins 1863,64 €/mois (cf partie sur l’abattement fiscal). Et encore, mon calcul ne prend pas en compte les frais de fonctionnement (assurance, compte bancaire, frais PayPal, carburant, péage, achat de matériel, support de communication, site internet, formations complémentaires…).

Maintenant, partant du principe que je travaille 5 jours par semaine, c’est à dire 22 jours par mois, je dois réaliser 84,71 € de chiffre d’affaires par jour travaillé.

Je pars du postulat que je facture mon atelier 45 €/2h, je devrai donc en faire 2 par jours… Il est malheureusement rare d’avoir une telle demande pour la plupart des moniteur·rice·s.

Edit du 27/04/2021 : certaines monitrices ont relevé le taux horaire trop bas de l’exemple du tarif de l’atelier mentionné ci-dessus, nous allons donc partir sur une base avec une rémunération plus juste : 70€/atelier de 2h. Sur cette base, je devrai donc réaliser 27 ateliers / 22 jours travaillés pour gagner un SMIC (et encore une fois je tiens à souligner que je n’ai pas déduit les charges sociales dues, ni les frais de fonctionnement). En fonction de la concurrence (nombre de moniteur·rice·s au km2) et de la demande, ça peut être réalisable mais il va falloir mettre les bouchées doubles 💪.

Voici un graphique à garder en tête pour vous lancer. Ce graphique n’engage que mon expérience personnelle (basée sur plus de 4 ans d’entrepreneuriat) et mon analyse des données.

Par exemple : si je fais 1000 € de chiffre d’affaires, l’Etat considère que j’ai gagné 660 € de revenus (je vais être imposable sur 660 €), je paye 220 € de charges sociales à l’URSSAF, et je dispose de 120 € de trésorerie pour payer mes frais de fonctionnement.


Ma conclusion

Même s’il est difficile de vivre de la seule activité de moniteur·rice de portage, ne vous découragez pas si le projet vous tient à cœur. Pour les personnes qui sont salariées à temps plein ou temps partiel, ça pourra devenir un complément de salaire. Pour celles et ceux qui souhaitent entreprendre ou se reconvertir, tirez votre épingle du jeu à l’image des rares personnes qui arrivent à vivre de cette activité, en faisant des formations complémentaires et en proposant d’autres ateliers autour de la parentalité, voire même en créant votre structure d’accueil parent/enfant. Je vous souhaite à tou·te·s une belle réussite dans votre projet 😉

Publications similaires